[Laboratoire]

Aspen rentra dans son refuge avec un soupir de contentement : nettement plus son territoire que le gymnase. Elle s’assit avec soulagement sur son fauteuil, massant son épaule endolorie par le choc contre Blue.

Autour d'elle, le calme complet. Son "laboratoire" avait le minimum de carrelage vital, en réalité. C'était une salle peu utilisée qu'elle avait pu récupérer à condition d'un droit de regard sur ses travaux par Ashkaelon. L'endroit contenait la partie de bibliothèque que sa chambre n'avait pas pu accueillir : les livres avaient colonisé la plupart des murs de la pièce, sauf un ou trônait un tableau d'ardoise couvert de calculs mathématiques et géométriques. Tout l'endroit lui était apaisant. Elle posa sur le bureau les cendres, évitant de les exposer à une lumière directe, et entreprit de comprendre d'où elles venaient.

"Des cendre humaines..."

La jeune femme avait découvert ça avec une montée de bile.
Des cendres mêlées de souillure.

Même température de combustion que les fours nazis. Ces choses, la souillure à l'intérieur de ces choses, se souvenaient de leur souffrance, de leurs cris, et les chuchotaient à l'oreille d'Aspen quand elle éteignait la lumière. Et ça attirait les... "autres".

Ils poursuivaient Ashkaelon : elle le lui avait confirmé. Quelles qu'elles soient, ces choses avaient toutes été contaminées, et étaient devenues des ombres. Il fallait qu'elle poursuive les recherches.

En souriant nerveusement, elle décida de tester une expérience dont avait parlé Siobhan. Même la plus inattendue des formes de vie pouvait réagir à des stimulis extérieurs. D'où venaient tous ces morts de la souillure ? Schossenadler ? Elle fit baisser la température autour des restes, en s'assurant pour prendre toutes les précautions nécessaires en cas de besoin (Lumière forte dans la zone d'où elle manipulerait l'expérience, tous ses sens prêts.). Peut être réagirait elle.

Melissa s'était empressée de retrouver la trace d'Aspen.
Elle ne savait pas vraiment quoi dire. Ni vraiment ce qu'elle ressentait à propos de tout ça. De la curiosité, de la peur, de la méfiance... Mais surtout de l'inquiétude. Pas question qu'un truc pète à la tronche d'Aspen, ou qu'un bidule apparaisse dans son dos, ou quoi que ce soit.

Elle entreprit de faire des allers retours devant la porte du laboratoire, hésitante.

Puis au bout de quelques minutes.... *toc toc toc*

"Hey... C'est Malicia. Tout va bien là d'dans ?... "

Camille arrive devant le labo
- Tien Malicia, Aspen n'est pas la?

La sorcière prit un temps avant de prendre conscience que quelqu'un frappait à la porte de son bureau. Elle mit son expérience en pause et enleva ses lunettes, se massant le nez quand revenir à la réalité lui fit danser quelques étincelles derrière les paupières. Vaguement hébétée, elle regarda autour d'elle, plus ou moins consciente des voix derrière la porte. Elle s'était laissée emporter, et n'avait aucune idée réelle de l'heure qu'il pouvait bien être. Elle fut surprise en voyant que son portable n'indiquait que quelques tours de cadran de plus, posé sur une table dans un coin près de sa platine vinyle éteinte.

"J'arrive, une seconde."

Ce fut une Aspen en bras de chemise, les cheveux retenus en vague chignon par un crayon à papier, qui ouvrit aux deux jeunes filles.

"Oh, euh... Entrez. Désolée, Camille, j'étais en train d'étudier ça, j'ai préféré ne pas t'en parler avant d'avoir, enfin, réellement avancé quoi."

Elle s'écarta pour laisser entrer les deux femmes. La pièce, si elle était témoin d'une personne d'ordinaire à la limite de classer ses céréales par ordre d'apport en fibre, était pourtant à l'heure actuelle le théâtre d'un chaos organisé que seul un chercheur en pleine réflexion pouvait produire. Sur les murs, des schémas, calculs et analyses se déployaient, parfois sur plusieurs feuilles vaguement épinglées ensemble quand une n'avait pas suffi à compléter la logique de la jeune femme. La lumière du jour ne perçait que faiblement a travers les lourds rideaux, plongeant la pièce dans la chaleur des lampes électriques. Des livres ouverts, éloignés de la table carrelée qui occupait le fond de la pièce, jonchaient les différentes tables de l'endroit, et montraient des schémas anatomiques annotés de créatures grotesques et fantastiques. Si certaines étaient marquées par des post-it pour seulement quelques lignes ou des pistes de réflexions, la plupart semblaient parler des Ombres et de la Souillure.

"C'est... Enfin, bah, c'est le bazar, désolée..."

La sorcière se passa la main dans le cou, vaguement gênée, toujours un peu perdue, ses yeux bleus parcourant la pièce autour d'elle. Elle avait l'air toute petite et décalée dans cet environnement, avec sa peau de porcelaine, ses cheveux d'encre, et ses gestes un peu fébriles. Presque maladive.

"Enfin, bon, euh... Vous veniez pour, enfin, pour quoi ?"

Sa capacité à avoir un contact social était en train de se réenclencher doucement, étouffée en partie par sa réflexion sur la souillure. Elle regarda Bluepit, qui avait l'air inquiète. Zut. Elle oubliait toujours que tout le monde n'était pas habitué à la voir partie sur une idée et de n'avoir de cesse que de la développer. Elle tenta un trait d'humour pour détendre l'atmosphère.

"Vous veniez voir mes expériences de petite chimiste ?"

Camille, toujours vêtu de son Hakama mais ayant son vrai sabre, souris et promène un regard interresse sur la pièce.
- En effet je suis venu voir tes expériences. Je suis curieuse de voir comment tu fait, et qu'elles sont aussi tes conclusions.

Aspen se sentit vaguement agressée par le regard sur la pièce, comme mise à nu. Elle jeta un coup d'oeil nerveux à la photo qui ornait un coin du tableau d'ardoise de Nathanael en tenue d'Orochi crânant fièrement devant l'hélicoptère volé, prise d'une soudaine envie de la cacher aux visiteurs, mais se retint.

"Pour l'instant, je suis pas vraiment arrivée au stade des conclusions."

Elle montra d'un geste du menton les expérimentations de la table carrelée.

"Elles poursuivent Ashkaelon, ça c'est certain, et il est aussi certain que ce sont les, hm... Rémanences, de personnes tuées par la souillure. Elles sont plus à l'aise dans le noir. Rien à voir donc avec notre jeu de ce matin : elles sont juste venues parce qu'Ashkaelon était là et qu'il n'y avait pas de lumière. Ce sont des humains. Et c'est encore en rapport avec des nazis, celui que j'ai étudié était un juif : la combustion des fours des camps d'extermination correspond pour donner ce type de cendres, et, puis, bien sûr..."

Elle s'arrêta un court instant, se disant qu'elle allait encore passer pour une malade mentale.

"Les voix. Dans la souillure. Je les entends. Si ce ne sont pas des juifs maltraités par les nazis, dans notre cas, je ne sais pas ce que c'est. Ashkaelon a fait état d'objets personnels parfois retrouvés, plutôt que des cendres. Il y avait des croix de fer. Il y a donc des créations de Souillure issues de la seconde guerre mondiale qui en veulent à notre patronne. J'essaie de déterminer d'où. Le pourquoi, en revanche... Je crains qu'il n'appartienne à Miss Stormwall."

Lève un sourcil à la mention des voix dans la souillure puis se reprend.
- humain? Qui chassent Ashkaelon ? Comment ou pourquoi entend-tu ses voix? Et pourquoi ces remanances ont-elle brûlées à la lumière? Je peu t'aider dans tes recherches? Après tous pose beaucoup de questions.
Camille semble très intéressée par les expériences et les recherches.
Elle porte son attention sur Aspen et remarque son air gêné.
-Ça ne vas pas? J'ai fait quelque chose qui t'ennuies?

Melissa entra lorsque ce lui fut proposé.
La pièce lui faisait vaguement penser à l'état de sa chambre lorsqu'elle vivait encore chez elle. Mais là n'était pas la question. Elle était curieuse d'entendre ce qu'Aspen avait découvert.
Et elle ne put s'empêcher de répondre à Ara :

"Ben, elles ont brulé à la lumière parce que c'est des ombres... Non ?"

Le plus sérieusement du monde, bien entendu. Elle avait déjà rencontré ces trucs là et c'était bien tout ce qu'elle savait à leur sujet. C'est typique de la bestiole qui se cache sous le lit parce que c'est sombre, et qu'on ne voit pas lorsque l'on déboule avec une lampe torche. Des histoires de gosses, en version un peu plus dangereuses.

"Alors du coup, faut qu'on évite d'éteindre les lumières quand Ashka est dans le coin ? Enfin, genre, du moment qu'on en sait pas plus sur ces bidules...
Oh, et, faudrait qu'on sache depuis quand ces trucs sont aux trousses de notre patronne. C'est qu'on est en plein dans des affaires de nazis en c'moment..."

Elle marqua une pause et ajouta :

"Enfin, arrêtez moi si j'dis une connerie, hein."

Aspen les regarda échanger en souriant, tout poids enlevé de ses épaules d'un coup. Voir ses hommes se poser enfin des questions la soulageait au plus haut point.

Elle attrapa d'une de ses mains gantées de cuir un livre ouvert sur les Ombres.

"Pas tout à fait des humains. Ça en a été."

Elle déposa le manuscrit sous le nez de Camille, et se tourna vers le tableau d'ardoise, qu'elle effaça d'un geste vif, avant de reprendre la craie.

"C'est un peu compliqué, d'autant qu'on ne connait pas bien les tenants et aboutissants de la souillure. Bien sûr, tout part de l'Anima."

Elle dessina un schéma représentant une abeille sur la gauche du tableau

"L'Anima est un réseau gigantesque qu'on peut voir dans l'Agartha entre autre. Le sang et la sève du monde. Enfin, en très résumé. Nous faisons appel à sa puissance à chaque fois que nous usons de nos pouvoirs. La Souillure, qui compose les ombres, elle... On est moins surs. Tout n'est que supputation, notamment sur sa création."

Un gribouillis de petite créature vaguement griffue rejoignit l'abeille.

"En gros, on a plusieurs écoles, et il est possible en plus que les deux soient justes. La première est celle de la Souillure : l'Anima, pour une raison ou pour une autre, aurait été altérée, probablement aux âges qui nous ont précédés."

Elle traça une première flèche vers le haut, et inscrivit "Souillure" d'une écriture déliée, le genre qui ne s'acquiert que avec des leçons poussées de calligraphie.

"Les autres âges utilisaient des machines pour altérer et exploiter l'Anima. C'était littéralement leur carburant. Le problème, c'est que ces machines, quand elles avaient un dysfonctionnement, produisaient... Autre chose. Et ce fut le drame, bien sûr."

Elle inscrivit "créée par les machines à Anima".

"Au delà, on pourrait supputer qu'étant donné que l'Agartha est un comme le système sanguin de Gaia et qu'il transporte le miel à travers son corps, certains de ses recoins ont été complètement gangrénés, au sens propre du terme, puisque ce "sang" pourri a du se diffuser."

La jeune femme s'écarta pour leur laisser le temps d'engranger la logique de la chose, remettant d'un geste vif une mèche de cheveux derrière l'oreille.

"La deuxième possibilité est celle de l'Anti-Anima. Une théorie qui sous entendrait que la Souillure a toujours existé. Qu'elle n'est qu'un revers de médaille. Un monde miroir à celui des abeilles. Comme je vous le disais, rien n'empêche les deux de coexister."

Une flèche qui part du petit monstre vers le bas, et la même écriture : "Anti-Anima, miroir naturel de l'Anima"

"Tout ça pour vous faire comprendre un élément important : Comme l'Anima qui a une conscience, l'Anti-Anima, la Souillure, ou peu importe, en a une aussi. Savez vous que Anima est le mot latin pour "Âme" ? La Souillure procédant avec la même logique, elle a son "âme" propre : elle stocke les souvenirs négatifs. Les ressentis, tout ce qui a été défiguré. On sait que mes parents cherchaient à renforcer la souillure en lui sacrifiant des gens par les plus horribles manières. La Souillure garde une empreinte, et quand c'est suffisamment fort..."

Elle désigna le livre.

"Ca a été des humains. Ils n'ont pas été que souillés : leur âme s'est transférée dans la Souillure, et ils sont devenus des ombres."

La sorcière déposa la craie dans la rainure du tableau, et essuya la poussière blanche sur ses gants.

"Pour le reste... j'entends les voix parce que je suis souillée moi aussi. Je dois donc les ressentir, un peu comme si je pouvais comprendre leur langage. Et Mélissa a raison, elles ont brûlé à la lumière électrique. Certaines peuvent y résister, mais il existe plusieurs types d'ombre, et celles ci n'en font pas partie. Ashkaelon pourra très bien gérer la situation : nous devrons simplement être vigilants à son attitude pour éviter d'éteindre la lumière quand il le faut. Pour le "depuis quand"... Je n'en ai pas la moindre idée : au maximum depuis la deuxième guerre mondiale. C'est tout ce que je peux vous dire. Vous devez savoir que miss Stormwall n'est pas très... Expansive, par rapport à son passé."

Melissa était carrément épatée par l'explication d'Aspen. Il y avait pas mal de choses qu'elle ignorait sur ces sujets là, et c'était excellent qu'elle sache le raconter de façon simple. Enfin, ça avait l'air plutôt simple, même si en vrai ça ne l'était surement pas. Elle resta silencieuse et attentive le temps du petit cours.

"Ouep', quoi qu'il en soit, restons vigilants... Et y a pas d'autres moyens de faire dégager ces machins là que ... ben... le tas de cendres ? Au cas où. "

Pour Melissa, c'était clairement un truc dont il fallait se soucier. Et aussi, Aspen avait bien raison de s'y intéresser. Pourtant, ça serait surement plus simple si on connaissait les motivations de ces trucs là...

"J'aimerais faire des recherches plus poussées sur ces choses, mais malheureusement, je n'ai pas encore trouvé de quoi les... Guérir."

Son incapacité à pouvoir apporter le repos aux contaminés de la Souillure semblait la toucher, sans doute plus que de raison. Elle se fit la réflexion un instant qu'elle devenait trop émotive, et barricada le temps du dialogue ses remords et son angoisse pour la mère de Nathanael dans un recoin de son esprit.

"Donc oui. Lumière. Au delà, dans un environnement comme celui ci, ça pourra durer plusieurs jours, le temps que la Souillure devienne de plus en plus inerte, avant de se dissiper. Et effectivement, elle est toujours active, donc ne vous approchez pas trop. J'allais faire des expériences dessus, si vous voulez la primeur de l'observation ! J'ai le feu vert d'Ashkaelon, et elle devrait m'envoyer deux personnes pour chapeauter la dernière partie de mes tests. Vous avez qu'à vous mettre assis, euh..."

Elle s'arrêta un instant, cherchant du regard des chaises de libre, et décida finalement de pousser autant que possible sa documentation vers les bureaux pour garantir une assise réelle à ses deux invitées, avant de préparer les tests suivants. Le froid n'avait rien fait : elle voulait tester la musique maintenant, et finalement, le noir complet. Elle dégagea autant que possible l'espace devant la table carrelée, repoussant les meubles contre les murs, et sortit d'une des étagères plusieurs disques vinyles, qu'elle posa à côté de la platine.

"Oh, vous serez sans doute intéressés de savoir que j'ai des recherches en cours de route, concernant la provenance de ces pauvres âmes. Je devrais recevoir une réponse assez rapidement, les Templiers gardent beaucoup d'archives. J'avais une photo, un souvenir d'un soldat allemand. Un pauvre type qui a semble t-il plus de honte et de regrets à présent que de fierté d'être un nazi..."

Elle se plaça devant la table carrelée, dissimulant la bouffée de sensations qui l'inondait, réminiscence de ce qu'elle avait ressenti en tenant la photo, utilisant des séries d'instruments étranges, et traçant plusieurs glyphes à la craie autour des cendres.

"Je vais relever les pics d'activité occulte : si l'une de vous deux sait utiliser une platine vinyle, est-ce qu'elle peut mettre le premier disque de la pile ? Le Schuman."

Ravi de rendre service Camille mis le disque.
- l'anti-anima comme revers. Ça me semble logique, après tous il n'y a pas le lumière sans ombre, d'ailleurs l'inverse est vrai aussi. Oh une autre question : tu dis que ça vien pour Siobhan mais dans ce cas celui d'Andrea? J'ai clairement ressenti qu'il allais l'attaquer ! Il faudrais connaître leur capacités aussi. Et leur but! Il ne disent rien la dessus? Et leur ressentiment vers qui est-elle dirige? Les vivant ou les Nazis ou nous. Aaaaaah j'ai trop de question en tête . Pi c'est qui sur la photo?
Camille oberve la scène en se tenant prête à toute éventualité.

Aspen resta muette quelques petites minutes, faisant quelques passes de la main près de la table carrelée, et checkant régulièrement les appareils de mesure, ne brisant les harmonies des morceaux que pour demander "Suivant." après avoir noté quelques chiffres dans un petit carnet. Elle laissa tourner la dernière musique - un très bel enregistrement du Lac des Cygnes de Tchaikovsky - se tapotant la lèvres supérieure avec son crayon, pensive.

"Allighieri était le seul qui bougeait à cet instant précis. Je pense qu'ils doivent d'une manière ou d'une autre repérer le mouvement. Il a eu chaud, cependant."

Elle referma le carnet relié de cuir, l'amenant contre sa poitrine, toujours rêveuse.

"Leurs capacités ? Se rendre invisible, contaminer, passer les failles de la réalité... On peut supposer beaucoup de choses. En tout cas, ils ne sont pas apparus dans le Gymnase, mais à la lisière du bois du domaine. Pas de trace d'invocation, pas de trace de passage occulte là bas : ils ont été attirés par Ashkaelon. Ils ne disent rien sur leur but. Enfin, rien au delà de "déchirer", "mordre"... Leur haine est leur seule façon d'exister à présent. Et leur regret. Leur ressentiment... Envers leur tortionnaire, rien envers Ashkaelon. La photo... Un officier Allemand. Je devrais recevoir d'un instant à l'autre ses informations..."

- j'y pense il porte un costume Oroshi, ils ont l'air de s'interresser a la souillure aussi peu être que leur données te filerons un coup de main. Il reste quand même une inconnue: Pourquoi Ashkaelon !!

"Un costume Orochi ? Qui ?"

La jeune femme essayait de comprendre ce que Camille disait.

"Je n'ai pas la réponse."

Un pieux mensonge : elle l'avait en partie. Mais ça ne regardait qu'Ashkaelon.

Montre la photo sur le tableau:
-ce costume la.

Aspen se retourna vers la direction que pointait Arahikemi, tombant nez à nez avec les yeux verts de Sideway qui posait devant l'hélicoptère.

"Là, tout de suite, je ne vois pas vraiment comment obtenir des données d'Orochi. Au delà, Bob est un Illuminati, pas un des leurs. Et il y a une différence entre piquer un uniforme et un hélicoptère et... Récupérer une banque de données aussi sensible que celle sur la Souillure dans le serveur central de la plus puissante multinationale du monde, sans être certains d'avoir des informations pertinentes pour notre affaire. Ce serait le mettre en danger inutilement."

Elle avança la main vers la photo avec un sourire pour le souvenir de cette soirée un peu dingue et de ce qui resterait dans les archives de la Garde "l'Affaire de l'Hélicoptère", et la rajusta d'un geste tendre, écartant la poussière de craie qui avait pu se déposer dessus.

-Peu-t-on apprendre quelque chose d'utile d'eux? Il se rendent invisible comment? On pourrais peu être utiliser un version altérer de leur technique !

"Euh... Attends, je trouve un baignoire remplie de souillure et je teste sur toi."

Aspen se massa l'arrête du nez, un peu désespérée.

Melissa écoutait la discussion incrédule. Elle avait souri lorsqu'Ara avait parlé de la photo de "Bob".

" Utiliser la souillure ? Euh... C'est un chouilla suicidaire. Même pas qu'un chouilla. Carrément. "

Elle rit à la remarque d'Arcanes.

" J'crois que c'est très très bien que tu continues toi même à chercher, pasqu'aller piquer aux orochi... Ouille. "

Hausse les épaules.
- J'ai atteins mes limites je crois, en espèrent t'avoir un peu aidé et pas trop agacée .
Camille souris et s'en va.

Bon. Encore vexé quelqu'un. Tant pis, si les gens n'ont pas appris à la longue qu'elle n'avait aucune patience et était cassante très vite, c'était leur problème, pas le sien. Elle tordit le coup au remord qui la prit un court instant. La musique s'égrena : quelques portées, tout au plus. Puis on toqua à sa porte. Les deux hommes qu'elle avait demandé arrivaient, des flash halogènes sous le bras.

"Tu veux rester pour la suite, Blue ?"

Elle remercia les hommes, et prépara l'expérience suivante, fermant de façon la plus étanche possible les rideaux qui occultaient la pièce.

Oups.
Et voilà, Ara boude. Elle était partie.
Melissa croisa les bras et observa la porte d'entrée qui s'ouvrait sur deux bonhommes. Elle les salua d'un petit coucou, puis revint à Aspen.

" Bah, ouais, ça a l'air de s'annoncer intéressant. Et j'ai bien envie d'apprendre des choses. "

Elle sourit, et se tint aux aguets lorsque l'obscurité s'installait.

" Tu vas essayer quoi ? "

"Un truc un peu dingue : j'ai remarqué que ces choses réagissaient, même... Mortes, dans le noir. Alors on va l'y placer, et voir ce qu'il se passe : on aura peut être des infos supplémentaires."

Aspen attendit que les hommes lui fassent signe qu'ils étaient prêts, et éteignit la lumière.

Il se passa quelques minutes, où une impression grandissante, glaciale, prit au cœur les gens qui assistaient à l’expérience. La sorcière paraissait à l'écoute, une expression indéchiffrable sur le visage, les lèvres pincées, les poings crispés. Et, d'un coup, "quelque chose" arriva dans la pièce. Une sensation terrible, celle d'être observé, fixé. Il y eut un gémissement étranglé, le bruit de quelqu'un qu'on serre à la gorge, et un grand flash. La froid partit.

Dans le court éclair de lumière, un œil, globuleux et menaçant, furieux, observait la pièce en tout sens, un œil qui avait poussé des restes de souillure. Après le flash, un instant de silence, et un crépitement très léger de quelque chose qui se dissout. Seules les cendres restèrent, toute trace de la maladie disparue. Un des gardes était tombé à genoux en se tenant la gorge, peinant à respirer, et fut très vite évacué vers l'infirmerie : quelque chose l'avait saisi à la gorge, laissant de longs hématomes bleuâtres sur son cou, comme si ça avait essayé de lui briser la nuque.

La sorcière soupira, se massant les tempes, et consulta un dossier qu'on lui avait envoyé.

"Ces choses viennent de Dachau. L'allemand dont j'ai la photo, il y a été muté. Et personne n'a de trace de lui ou ne sait comment il est mort. Tout laisserait à penser que c'était un proche de Rommel, pas vraiment le genre des camps d'extermination donc. Je pense qu'il a servi de sujet d'expérience..."

Elle marqua un temps de pause, et murmura, plus pour elle même.

"Pauvres choses..."